ETXERAT. Pour dénoncer le huitième accident provoqué cette année par la politique de dispersion, la compagne du prisonnier politique basque Asier Garcia Justo a voulu nous transmettre son témoignage. Elle n’a pas pu être présente à nos côtés en raison de ses blessures, mais un de ses amis a lu de sa part le texte suivant lors de la conférence de presse donnée ce matin 20 septembre par l’association Etxerat à Bilbao.

Bonjour!

Cela fait maintenant 10 ans qu’Asier et moi avons décidé de faire la route ensemble. Je savais que ça serait difficile, la dispersion, les fouilles, les transferts et tous les obstacles que nous pouvons rencontrer, mais le plus important pour nous est l’AMOUR, cet immense AMOUR que nous avons pour nos parents et amis emprisonnés.

Tous les voyages comportent un risque, c’est une roulette russe, et cette fois c’est sur nous que c’est tombé. Je dis « nous » même si j’étais toute seule dans la voiture, parce que cette souffrance est partagée par Asier et par nos familles et amis.

L’accident a été très violent, une voiture est apparue soudainement au milieu des deux voies et m’a violemment cognée. Ma voiture a fait trois tours sur elle-même, le pneu avant a éclaté et j’ai presque été projetée contre la barrière centrale. En sortant de la voiture, tremblante, je pensais à Asier, à mon père et à tous les autres. Ensuite sont venues la colère, la fureur, l’impuissance, la solitude, la peur... et « comment je vais dire ça à Asier ? Comment va-t-il le prendre ? ».

Cet accident a eu des conséquences physiques et psychologiques, ces dernières étant les plus difficiles à soigner. J’ai passé ces derniers jours à pleurer et à osciller entre colère et anxiété. Beaucoup de questions occupent mon esprit :

Pourquoi sommes-nous punis pour le fait d’aimer notre proche prisonnier ? Pourquoi cette politique de vengeance ? Pourquoi maintiennent-t-il les mesures d’exception ? POURQUOI ? Pour le bénéfice de qui ? JUSQU’À QUAND ?

Les droits essentiels de nos parents et amis prisonniers sont systématiquement violés, et les nôtres aussi. Il est temps d’en finir avec cette situation.

Je pense aux 16 personnes tuées par la dispersion, à tous ceux qui sont morts en prison et à tous ceux qui ont été blessés dans les accidents, comme je l’ai été lors du dernier.

Je demande à la société, aux responsables politiques, aux syndicats et aux différents acteurs, à vous tous, de faire tout votre possible pour en finir avec la dispersion. Nous pouvons y parvenir en unissant nos efforts et en travaillant tous ensemble.

Pour finir, je veux remercier les employés de l’hôpital de Béjar, pour leur soutien, leur chaleur, et le fait de m’être sentie moins seule grâce à eux, ainsi que l’association Etxerat pour son appui et tous ceux qui nous ont soutenu, notamment les autres familles de Badajoz et des autres prisons. Mais Asier et moi voulons spécialement remercier la famille et les amis pour être toujours à nos côtés.

Au-delà des coups et de tous les obstacles, la Solidarité et l’Amour n’ont pas de frontières. Personne ne nous arrêtera. Nous vous aimons ! Je t’aime !

STOP DISPERSION !

LES PRISONNIERS, EXILÉS ET DÉPORTÉS POLITIQUES BASQUES AU PAYS BASQUE, À LA MAISON !

La compagne du prisonnier politique basque Asier Garcia Justo