Nous avons donné une conférence de presse ce matin 7 juin au fronton Antiguo de Donostia pour dénoncer l’accident subi par des amis du prisonnier politique basque Asier Ormazabal sur les routes de la dispersion.
ETXERAT.
Ceux qui gèrent et défendent la politique de dispersion répètent sans cesse que cette mesure a porté ses fruits. Une fois encore, nous y ajoutons les nôtres, soit deux personnes blessées dans un accident de la route causé par la dispersion. Deux personnes qui ont subi les conséquences des voyages imposés, qui ont mis en jeu leurs vies et leur sécurité, qui ont pris des risques, condamnées à voyager dans des conditions également imposées.
Cette fois, ces deux personnes sont des amis du prisonnier politique basque Asier Ormazabal. Ils ont eu un accident le samedi 3 juin dernier, au retour de la prison de Teruel, à Longares près de Saragosse. Tous deux ont été blessés et hospitalisés après un violent impact. Après 24 heures d’observation, ils ont pu être transportés chez eux. Le diagnostic montre l’importance du choc : cinq points de suture au coude, polycontusions, coupures, correction cervicale et port de minerve.
Il s’agit du sixième accident de l’année pour les familles soumises aux longs voyages imposés pour pouvoir exercer leur droit de rendre visite à leurs êtres chers. Le 11 février, la famille du prisonnier Premin Sanpedro a eu le premier accident de cette année au retour de la prison de Jaén ; le même week-end, des amis et parents d’Iñaki Arakama ont également eu un accident à la hauteur de Salamanca, après la visite à Sevilla ; le 11 mars, des amis du prisonnier politique basque Asier Badiola, incarcéré à Picassent, en ont eu un autre à Valencia ; une amie de Mikel San Sebastian a été heurtée par un autre véhicule à Oiartzun au retour de la prison de Murcia ; et le 13 avril dernier, la famille d’Ander Mujika, prisonnier de Donostia incarcéré à Saint Martin de Ré, a eu un accident aux environs de Bordeaux.
La dispersion attend de nouvelles victimes. Cette politique imaginée il y a 28 ans est maintenue en vigueur aujourd’hui avec la même violence, et elle peut continuer d’allonger la liste des victimes avec la même impunité que jusqu’à maintenant. Les responsables de cette politique le savent, car elle a été conçue comme instrument de chantage et de douleur ; nous, les familles et amis de prisonniers basques, le savons bien, car nous le payons de notre santé et, à 16 reprises, de notre vie.
Cinq ans et demi sont déjà passés depuis l’annonce du cessez-le-feu définitif par ETA ; deux mois après le désarmement de l’organisation armée, nous ne pouvons pas accepter que les États espagnol et français maintiennent en vigueur les mesures d’exception de leur politique pénitentiaire. En ce nouveau cycle politique chargé d’espérance ouvert au Pays Basque, dans lequel la société basque elle-même a décidé de mener à leur terme le processus de paix et la résolution du conflit, nous réitérons notre demande aux institutions et aux acteurs politiques, syndicaux et sociaux de faire un pas ferme pour parvenir à en finir avec l’éloignement et la dispersion, et obtenir la libération immédiate des prisonniers atteints de maladies graves. Il est inacceptable de rester spectateur quand la gravité de la situation exige une réponse et une prise de responsabilités immédiates. Nous ne pouvons pas continuer à attendre... ou sommes-nous vraiment disposés à assumer une nouvelle victime mortelle comme conséquence du maintien des mesures d’exception qui affectent les prisonniers et leurs familles et amis ?
Pendant ce temps, après-demain, comme chaque vendredi, des centaines d’entre nous, pères et mères, fils et filles, compagnes et amis, seront obligés de courir ce risque une fois de plus. Après-demain, comme chaque week-end, la dispersion s’assurera de nouveaux fruits : des dégâts physiques, psychiques, économiques. Tout cela importe peu aux autorités espagnoles et françaises, cela importe peu aux gouvernements espagnols et français, parce qu’ils ont toujours la volonté de provoquer la plus grande souffrance possible aux prisonniers et à leurs familles. Et ils le font régulièrement savoir.
Pour finir, nous envoyons notre plus chaleureux salut à Asier ainsi qu’à ceux qui sont allés lui rendre visite et qui n’ont pas pu être avec nous aujourd’hui à cause des séquelles importantes dont ils souffrent. Avec la ferme volonté de ne pas avoir à revivre une telle situation,
NOUS LES VOULONS VIVANTS ET À LA MAISON !