ETXERAT. « Ces derniers jours, nous avons pu voir que si les acteurs politiques et les institutions se mettent à aller dans le même sens, il est possible d’obtenir des choses. Nous nous référons au cas de Sara Marajenas et de sa fille Izar. Au-delà des idéologies, si nous travaillons en faveur de la garantie des droits essentiels, nous pouvons réussir, à nous tou-te-s, à en finir avec la dispersion. » Ainsi s’est exprimée Patricia Velez hier 8 mars, en représentation d’Etxerat.
L’association Etxerat a comparu devant la Commission des Droits Humains et de l’Égalité du Parlement Basque, dans l’objectif d’expliquer les conséquences de la politique de dispersion sur les mineurs. Au côté de Patricia Velez, porte-parole d’Etxerat, Olatz Iglesias et Maider Viso, toutes deux parentes de prisonniers politiques basques, ont apporté leur témoignage.
Etxerat a voulu remercier la majorité des forces politiques du Parlement, pour avoir alimenté cette espérance ces derniers jours. « Aujourd’hui, nous sommes venus vous demander votre aide. Il faut en finir avec la politique de dispersion qui est appliquée depuis presque 30 ans, que des centaines d’enfants ont dû subir pendant toute leur jeunesse, qui a provoqué des centaines d’accidents sur les routes et qui a déjà tué 16 personnes » a déclaré Etxerat.
Patricia Velez a rappelé qu’il y a cinq ans, un nouveau scénario s’est ouvert au Pays Basque, et que de nouvelles espérances sont nées pour tous et toutes. « Une fois qu’on se place dans ce contexte, chaque journée dans la réalité actuelle, sans le moindre changement, devient beaucoup plus douloureuse et désespérante pour les familles et amis que dans la période précédente. Pour notre part, nous ne parlons pas encore au passé, le futur ne nous a pas encore ouvert ses portes ».
Il est très différent pour un enfant de prendre deux heures ou de devoir faire une odyssée de deux jours pour rendre visite à son parent emprisonné, a ajouté Patricia Velez. C’est dans ce contexte qu’Olatz Iglesias, 21 ans, qui vit la dispersion quasiment depuis sa naissance, a pris la parole pour expliquer devant les représentants parlementaires la cruauté que représente l’obligation de réaliser des voyages aussi longs (dans son cas, Paris, Madrid, Alicante) pour seulement quelques minutes de visite. Elle a ajouté que l’éloignement et ces longs voyages ont des conséquences sur toutes les facettes de sa vie, mais surtout sur la difficulté de maintenir des liens affectifs dont les enfants ont tant besoin avec la personne incarcérée, dans son cas ses parents.
Maider Viso, pour sa part, mère d’Amaiur, âgée de 13 ans, a expliqué ce que suppose le fait de voyager avec des enfants en bas âge (dans son cas, avec sa fille depuis qu’elle est née, à Cordoba et Castellón) : l’angoisse de les obliger à supporter ces longs périples sous de grosses chaleurs ou avec un froid intense, la difficulté des heures de voiture pour les plus petits, intensifiée par le fait de se trouver à des centaines de kilomètres de la maison. Elle a souligné également que la dispersion implique que les enfants manquent régulièrement l’école, une situation qui se produit fréquemment quand la prison décide d’autoriser les « vis-à-vis » (parloirs familiaux en Espagne) uniquement en semaine ou aux dernières heures du dimanche.