Texte de la conférence de presse donnée ce matin par l’association Etxerat pour présenter l’initiative « Mettre la dispersion en lumière » que nous allons mener cette année en Araba.
ETXERAT. Beaucoup ignorent encore la réalité de la politique de dispersion et ses conséquences, ou croient que l’abandon de la lutte armée par l’organisation ETA a entraîné la désactivation de cette politique. Rien n’est plus loin de la vérité : aujourd’hui, cette politique d’exception continue d’être la source d’une importante souffrance pour une partie de la société d’Araba.
Cela fait déjà 28 ans que la politique de dispersion a été mise en vigueur et plus de cinq ans qu’ETA a annoncé l’abandon de la lutte armée, mais pour nous, les familles et amis de prisonniers politiques basques, rien n’a changé car la politique de dispersion continue de nous causer douleur et souffrance. Cependant, une partie considérable de la société d’Araba ignore encore cette situation.
Durant ces 28 années, nous avons réalisé un gros travail pour faire connaître cette politique, son fonctionnement et ses conséquences, mais nous nous sommes toujours heurtés aux obstacles des institutions, au silence des médias et à l’ignorance, voire le mépris de certains partis. Aujourd’hui encore notre travail est criminalisé, par ceux-là même qui continuent d’appliquer, de défendre et de justifier cette politique pénitentiaire brutale, qui viole les droits de nos parents et amis prisonniers ainsi que les nôtres.
Mais, avec cette dynamique, nous voulons donner une nouvelle impulsion à notre travail d’information, de témoignage de la souffrance que la dispersion génère quotidiennement et de recherche de reconnaissance pour les 16 victimes mortelles qu’elle a causées. C’est un travail que nous considérons comme indispensable pour surmonter les conséquences du conflit et avancer véritablement, toutes et tous, sur le chemin de la normalisation et de la paix.
La dynamique nous présentons, et pour laquelle nous avons reçu de fortes subventions de la Diputacion d’Araba et de la Mairie de Vitoria-Gasteiz, sera menée du 16 au 22 octobre sur la place de la Province de Gasteiz et du 23 au 28 octobre sur la place Aldai de Laudio. Elle consistera en une exposition montrant les différents visages de la dispersion : la saignée économique qu’elle entraîne, les risques imposés, son incidence sur les prisonniers gravement malades, les victimes mortelles... Tout au long de la semaine, différents parents et amis de prisonniers témoigneront de leur réalité et feront part à la première personne de leurs différentes expériences.
En Araba, il y a actuellement 29 prisonniers politiques basques et 2 personnes déportées depuis des décennies. Parmi les familles affectées par la politique de dispersion, se trouvent 38 enfants mineurs. La dispersion et l’éloignement ont, de plus, coûté la vie à quatre personnes de cette province : Pilar Arsuaga, Alfonso Isasi, Ruben Garate et Natividad Junco.
Nous invitons toutes les personnes et tous les acteurs politiques et syndicaux et sociaux à venir visiter notre chapiteau et s’informer personnellement des funestes conséquences de la politique de dispersion. Nous leur demandons de diffuser ce message et de montrer ainsi, une fois de plus, la volonté majoritaire de cette société d’y mettre fin, définitivement et de façon urgente.