ETXERAT (20-06-2020). Nous avons donné une conférence de presse aujourd’hui place de la Trinidad à Donostia, pour présenter une dynamique de solidarité menée par une délégation d’ami.e.s solidaires en présence de proches parents de prisonnier.e.s. Jon Ander Resa et Xochitl Karasatorre ont pris la parole.
Intervention d'un ami des familles de prisonnier.e.s:
Les familles de prisonnier.e.s basques ont besoin d’argent pour l’essence et les péages. Les familles des 226 prisonniers dispersés voyagent chaque semaine vers un total de 48 prisons dans les États espagnol et français, ce qui représente 11.572 voyages et un total de 14.617.304 kilomètres par an.
Pour parcourir ces kilomètres, il faut 1.140.150 litres d’essence, qui coûtent près de 1.500.000 €, 1.482.195 € exactement.
Ces chiffres froids et édifiants montrent une part du drame que continuent de subir les familles. Nous n’allons pas rester les bras croisés devant cette réalité. Nous, ami.e.s de prisonnier.e.s politiques basques et de leurs familles et qui connaissons bien leur situation, lançons une dynamique de solidarité dans l’objectif d’aider financièrement les familles.
Une campagne similaire avait été menée il y a deux ans et demi, quand Etxerat a décidé d’assumer l’assistance juridique et sanitaire des prisonnier.e.s. Déjà, une large représentation de personnes de différents milieux s’était impliquée et avait lancé un appel la société basque pour renforcer l’aide aux familles.
Aujourd’hui, les conséquences néfastes du Covid-19 frappent durement les personnes les plus exposées, parmi lesquels les prisonnier.e.s et leur entourage.
En conséquence, nous lançons aujourd’hui une dynamique solidaire pour pallier, dans la mesure du possible, aux conséquences de cette crise sur l’entourage des familles des prisonnier.e.s politiques basques qui continuent de subir la dispersion et l’éloignement. Nous avons ouvert un site Internet sur lequel nous fournirons toute l’information sur le déroulement de cet engagement solidaire, à partir du début de l’été, dans tous les villages et quartiers d’Euskal Herria.
Intervention de la fille d'un prisonnier:
Nous affirmons fermement que le transfert des prisonnier.e.s basques au Pays Basque, seul rapprochement acceptable, est urgent et doit être réalisé sans délai après plus de trois décennies de souffrance pour leurs familles et 16 victimes mortelles.
• Trois mois très durs viennent de s’écouler, 100 jours sans visite, à subir l’absence et l’incertitude de savoir comment ils vont réellement. Durant la pandémie, l’éloignement de nos parents et amis prisonniers a représenté une peine ajoutée, la distance a augmenté notre angoisse. Et la désescalade est en train de mettre en évidence le caractère de châtiment ajouté du fait qu’ils soient si loin, ce que les familles vivent depuis 33 ans.
• Il n’y a toujours pas de visites pour les prisonnier.e.s politiques basques. Aucun d’entre eux n’a été libéré en raison de la pandémie ; ni les 17 gravement malades, ni les 14 âgés de plus de 65 ans, ni les prisonnières enceintes, ni celles qui se trouvent avec leur enfant en prison. En revanche, cinq prisonniers de l’État espagnol n’ont pu profiter de leur permis de sortie de fin de semaine car ils sont incarcérés dans des prisons situées dans d’autres provinces.
Tant que nos parents et amis incarcérés ne seront pas rapprochés au kilomètre 0, dans les prisons les plus proches de leur entourage familial c’est-à-dire au Pays Basque, nous aurons besoin d’argent pour l’essence. D’ici là, tant que les autorités s’entêteront à ne pas les rapprocher au Pays Basque, quand nous reprendrons la route pour enfin les revoir, nous retrouverons cette réalité :
- 75 % des familles et ami.e.s parcourent des distances hebdomadaires comprises entre 800 et 2.200 kilomètres pour réaliser des visites de 40 minutes
- avec comme toujours, le risque supplémentaire de voyager avec nos enfants, avec nos parents âgés et la difficulté ajoutée maintenant du risque sanitaire nous obligeant à voyager avec le masque
- avec l’incertitude sur un possible retour en arrière dans la pandémie
- ... et nous retrouverons, encore, le gouffre financier que représentent ces voyages et qui est insoutenable.
Remplissons les réservoirs de solidarité!