ETXERAT. Etxerat a rendu public son dernier dossier, intitulé « les Enfants de la Dispersion ». Vous pouvez trouver ce dossier sur notre site www.etxerat.eus dans l’onglet Rapports. Voici le texte de la conférence de presse donnée ce matin à Donostia :
« Nous vous avons invités à cette conférence de presse dans l’objectif de présenter à la société basque notre dernier dossier sur les conséquences de la dispersion.
Comme nous l’avons déjà dénoncé à de nombreuses reprises, nous, les familles et amis de prisonniers politiques basques, sommes ceux qui subissent directement les conséquences de cette politique. Et l’attitude des responsables du maintien de la politique de dispersion, en vigueur depuis presque trois décennies, nous amène également à dénoncer le fait avéré que nous sommes le premier objectif de cette mesure d’exception. Plus les conséquences sont graves, plus la pression exercée sur nous par les forces et partis politiques favorables à son maintien est grande. Plus notre situation est difficile, et plus les contreparties exigées sont importantes. De telle sorte que le message est clair : ils espèrent tirer des bénéfices politiques de notre souffrance, et tant qu’ils ne les obtiendront pas, nos droits essentiels continueront d’être violés en toute impunité.
Cette souffrance ne fait pas de distinction. Elle nous poursuit tous et toutes, et de même que les adultes, des centaines d’enfants et adolescents subissent les conséquences d’une dispersion qui cherche à nous faire le plus grand mal possible. Les conséquences pour ces enfants sont encore plus graves ; et la responsabilité des institutions et forces politiques est encore plus grande.
Le dossier que nous avons rédigé a pour objectif de faire connaître à la société basque et internationale une réalité très méconnue : celle des fils et filles, frères et sœurs, neveux et nièces et petits-enfants de prisonniers politiques basques. C’est la réalité d’une enfance soumise à des mesures d’exception qui conditionnent la vie, le développement, l’affectivité et l’avenir de chacun d’entre eux. Celle d’enfants qui ne connaissent pas d’autre scénario que celui qui les oblige à faire de très longs voyages qui mettent leurs vies en danger, à passer sous les détecteurs, à subir les fouille, à devoir affronter toutes les raisons arbitraires qui privent régulièrement les familles de visite après avoir parcouru des centaines de kilomètres. Celle d’enfants dont toutes les communications avec leur(s) parent(s) incarcéré(s) sont contrôlées, lues, écoutées, enregistrées, et dont l’intimité est violée. Pour la politique de dispersion, les droits de l’enfance n’existent pas, car pour la politique de dispersion, les droits n’existent pas.
Les données dont nous disposons nous permettent d’évaluer à environ 1000 les enfants affectés en ce moment par la politique de dispersion. Il est très difficile de donner un chiffre précis du nombre d’enfants qui ont été touchés durant ces 27 ans, mais ces données nous mènent à un calcul approximatif d’environ 5000 enfants ayant subi les conséquences de cette politique, dont la portée peut être mesurée dans le rapport que nous présentons ici.
Nous avons déjà pris contact avec certaines institutions pour leur présenter ce dossier. Nous croyons que leur responsabilité est inéluctable quand les droits humains sont en jeu, mais plus encore quand il s’agit de ceux des enfants.
Pour notre part, nous continuerons d’en appeler à la responsabilité des forces politiques et des institutions, et particulièrement du Lehendakari (Président de la Communauté Autonome Basque) et de la Présidente du Gouvernement de Navarre, parce qu’il serait extrêmement grave qu’ils se dérobent devant cette situation. Nous continuerons de dénoncer la négligence de ceux qui refuseraient de prendre ces responsabilités, et nous poursuivrons notre travail avec les acteurs politiques, sociaux et syndicaux qui comprennent les dégâts que la politique de dispersion est en train de causer et qui exigent sa désactivation immédiate.
Comme nous l’avons dit, nous souhaitons également transmettre ce travail à l’ensemble de la société, pour mettre un terme au silence qui a très longtemps entouré les conséquences de cette politique, les violations de droits qu’elle entraîne et les séquelles qu’elle laisse sur les personnes qui la subissent. Nous considérons que la société a le droit de connaître cette réalité et le devoir d’y remédier. Ce dossier est accessible en trois langues sur notre site, nous invitons chacun à le lire. »