Le responsable de la TDM a exigé que la police revienne menotter le prisonnier basque au moment de l’introduire dans la machine
ETXERAT. Vendredi dernier 29 avril, le prisonnier politique basque Gorka Fraile qui se trouve à la prison de Badajoz (750 km) a été conduit par la police nationale à l’hôpital de la ville pour réaliser une TDM (tomodensitométrie, technique d’imagerie médicale) de façon à déterminer l’évolution du cancer de la langue qui lui a été diagnostiqué en mars 2015. Le prisonnier est resté menotté durant tout le trajet, mais au moment où il allait être introduit dans la machine, les agents qui l’accompagnaient lui ont retiré les menottes. C’est alors que le médecin responsable de la TDM a exigé des agents qu’ils lui remettent les menottes pour la durée de l’examen. Ni les explications de Gorka Fraile sur sa situation, ni la présence permanente de l’escorte dans la salle d’examen, ni le danger que représente le fait d’introduire un objet métallique dans ce type de machine ne l’ont fait changer d’avis. Gorka Fraile a finalement été remenotté. Tout cela a rendu l’examen beaucoup plus difficile, le prisonnier basque étant obligé de maintenir une position douloureuse en plus de l’énervement que tout cela n’a pas manqué de provoquer.
Etxerat rappelle qu’il y a tout juste un an, dans ce même hôpital où Gorka Fraile avait été transféré pour être opéré de sa tumeur à la langue, il avait également été maintenu menotté durant toute la durée de l’intervention chirurgicale. Durant la nuit précédente, l’escorte l’avait volontairement empêché de dormir avec des bruits, menaces, coups sur le mur. Les agents étaient aussi restés durant toute l’opération.
Nous dénonçons avec force l’attitude, opposée à toute éthique professionnelle, du responsable de la réalisation de la TDM, qui a soumis une personne gravement malade à une situation injustifiable et loin d’être nécessaire. Nous connaissons des cas de médecins qui ont insisté pour que les menottes soient retirées aux patients et que les examens puissent se dérouler dans de bonnes conditions, mais la situation inverse est très rare. Sur ce point, nous rappelons que dans le rapport qu’ils ont présenté ces jours-ci à Bruxelles, les députés européens qui l’ont rédigé ont mentionné leur préoccupation particulière sur la question de l’accès au traitement et du suivi médical pour les prisonniers gravement malades. La situation vécue par Gorka Fraile démontre une fois de plus que cette inquiétude est fondée.
La famille du prisonnier et ses avocats vont déposer une plainte devant les instances compétentes. Pour sa part, Etxerat, association des parents et amis de prisonniers et d’exilés politiques basques, assure qu’elle n’acceptera jamais que les droits des prisonniers dépendent de personnes ou d’entités qui souhaiteraient en disposer selon leur bon vouloir, et qu’elle continuera à dénoncer ce type de situation jusqu’au respect des droits de toutes les personnes.
Etxerat rappelle également que cette même semaine, l’Assemblée Plénière de la Mairie d’Antsoain, localité dans laquelle résident la compagne et le fils de Gorka Fraile, a approuvé une motion présentée par Sare demandant l’application du régime de prison atténuée pour ce prisonnier (art. 100.2 en relation avec l’art. 86.4 du Règlement Pénitentiaire espagnol), de façon à ce qu’il puisse recevoir une assistance médicale correcte, qui allège autant que possible sa souffrance et celle de sa famille. Ce texte demande également le transfert de Gorka Fraile vers une prison proche de son domicile durant l’examen de cette demande. La motion a été approuvée grâce aux votes d’IU, de Geroa Bai et d’EH Bildu, tandis que l’UPN et le PSN se sont abstenus, annonçant qu’ils ne voteraient pas contre.
De la même façon, la mairie de Durango avait approuvé la semaine dernière une motion présentée par la plateforme de soutien à Gorka Fraile exigeant sa libération. La motion avait été acceptée grâces aux votes d’EH Bildu et du PNV. Le texte, par ailleurs, dénonçait la politique pénitentiaire actuelle. Le PSE-EE, pour sa part, avait présenté une motion alternative. Le PP n’avait voté pour aucun des deux textes, déclarant que cela relevait de la compétence des autorités pénitentiaires.