ETXERAT. Nous, familles et ami-e-s de prisonnier-e-s et exilé-e-s politiques basques, avons mille choses à dénoncer. Pour cela, aujourd’hui, dans une conférence de presse au Centre Culturel Koldo Mitxelena de Donostia, nous avons appelé la société basque à venir participer à la manifestation organisée par SARE le 14 janvier prochain dans les rues de Bilbao :
Ceci est un appel à la société basque. Un appel à la réflexion et à la responsabilité. Cela fait cinq ans que nous attendons des gouvernements espagnol et français des pas qui permettraient à cette société d’entrevoir le chemin de la résolution. Cela fait cinq ans que nous attendons que la désactivation des politiques d’exception permette à cette société de se débarrasser de la souffrance à laquelle elle est, pour une bonne partie, toujours condamnée. Cela fait cinq ans que nous attendons que le respect des droits humains gagne enfin du terrain sur celui des violations. Cela fait cinq ans que nous attendons de pouvoir parler au passé d’une situation qui nous oblige à encore utiliser le présent. Cela fait cinq ans que nous attendons.
Nous ne pouvons pas continuer à attendre. Nous ne pouvons pas prendre le risque que la situation actuelle s’enlise et de finir par considérer comme normales les politiques d’exception, les violations de droits, les stratégies de vengeance et d’augmentation de la souffrance ; tout ce qui, aujourd’hui, continue de condamner la société basque à rester dans un scénario auquel elle veut, et auquel elle a un besoin urgent, de mettre un terme. Les États ont déjà clairement montré leur manque de volonté. Ils l’ont montré jour après jour, avec chacune de leurs paroles, avec chacune de leurs actions. Il est de notre responsabilité à tous de mettre un terme à cette situation. Nous devons nous responsabiliser et nous activer.
Nous sommes des parents et amis de prisonnier-e-s et exilé-e-s politiques basques, nous connaissons et nous subissons l’utilisation de nos proches prisonniers ou en exil pour tenter d’obtenir, à n’importe quel prix, des bénéfices politiques. Nous la connaissons et la subissons à travers les politiques pénitentiaires d’exception : les années d’isolement ; la situation des prisonniers gravement malades ; l’éloignement et la dispersion ; les abus et les agressions. Nous sommes des citoyens condamnés, en raison de notre lien affectif ou familial avec eux et elle, à subir également les politiques d’exception : la dispersion, ses conséquences dévastatrices, la violation de nos droits...
NOUS DÉNONÇONS le maintien en vigueur des politiques pénitentiaires d’exception.
NOUS DÉNONÇONS la torture de l’isolement.
NOUS DÉNONÇONS la démonstration de cruauté que suppose la situation des prisonniers gravement malades.
NOUS DÉNONÇONS la violation de leurs droits à la santé et à la vie.
NOUS DÉNONÇONS la violation du droit à la vie familiale.
NOUS DÉNONÇONS la criminalisation de la défense des droits humains.
NOUS DÉNONÇONS l’instrumentalisation de la souffrance.
NOUS DÉNONÇONS l’opposition à la paix des gouvernements espagnol et français.
Pour toutes ces raisons, nous nous rendrons le 14 janvier à la manifestation organisée par SARE. Comme chaque année, ce week-end-là, nous ne voyagerons pas vers les prisons, nous ne ferons pas de visite. Ce jour-là, notre place est à Bilbao. Nous appelons la société basque à venir en remplir les rues le 14 janvier. À dénoncer de façon active, publique, majoritaire, les violations de droits, les obstacles à la résolution, l’opposition à la paix, et à le faire avec détermination. Le 14 janvier, nous avons l’occasion de faire en sorte que nos pas à Bilbao soit des pas décisifs. Par responsabilité, nous ne pouvons pas la manquer.
NOUS LES VOULONS VIVANTS ET À LA MAISON – ETXEAN ETA BIZIRIK NAHI DITUGU !