Conférence de presse d’Etxerat – 18-05-2016
Samedi dernier 14 mai, des amis du prisonnier politique basque Arkaitz Goikoetxea ont eu un accident aux environs de Burgos, au retour de la prison de Valdemoro (Madrid) où ce dernier se trouve temporairement pour des raisons juridiques. Cela porte à trois le nombre d’accidents parmi les familles et amis des prisonniers politiques basques pour l’année 2016.
La fatigue après de longues heures au volant, la tension engendrée par des horaires si stricts que n’importe quel retard peut faire manquer la visite, la longue et obligatoire attente à la porte de la prison et le stress général sont des facteurs de risques évidents. Dans ce cas, le conducteur a perdu le contrôle de son véhicule et a heurté à plusieurs reprises la barrière centrale, ce qui a fait éclater le pneu avant, puis le pneu arrière. Les deux occupants ont dû finir leur voyage en taxi, et s’ils semblaient indemnes sur le moment, l’un d’eux a dû être examiné le lendemain pour de fortes douleurs.
Cela dit, nous ne sommes pas ici pour raconter les accidents en détail mais pour en dénoncer les causes.
Cela fera 27 ans ce mois-ci que la politique de dispersion est appliquée de façon globale et systématique au collectif des prisonniers politiques basques. Pour le dire d’une autre façon : il y a 27 ans, le gouvernement du PSOE a décidé, avec le soutien, entre autres, du PP et du PNV, de faire pression sur ces prisonniers en s’en prenant à leur entourage familial et affectif. Personne ne peut mettre en doute, et moins encore ceux qui s’échinent aujourd’hui à maintenir la politique de dispersion en vigueur, que toutes les conséquences, physiques, psychiques, et économiques de l’éloignement des prisonnier-e-s retombent directement sur nous, leurs familles et amis. Le risque, inévitable, est l’une de ces conséquences. Ils nous imposent l’obligation de voyager, et ils nous imposent, en plus, des conditions pour le faire qui nous mettent en danger. Les horaires des visites et les distances que nous devons parcourir ne permettent pas le respect d’une sécurité minimale au volant. Tout ceci nous conduit à des centaines de familles accidentées – certaines plusieurs fois – et à 16 personnes tuées. 16 victimes d’une politique pénitentiaire d’exception. 16 victimes non reconnues.
Tout au long de ces 27 ans, nous avons parlé de notre situation avec des partis politiques, avec des syndicats, avec différents secteurs sociaux, avec des institutions... Et nous devons souligner que jamais aucun des partis qui soutiennent le maintien de la politique de dispersion n’a montré la moindre surprise devant l’exposé de ses conséquences sur notre santé physique et psychique, sur nos finances, sur nos vies... finalement sur nos droits. Au contraire, ils avaient tous une liste bien préparée de compensations et de contreparties. Il est significatif qu’ils n’aient jamais parlé de paix. Aujourd’hui, presque trente ans après la mise en vigueur de la politique de dispersion, ils continuent de nous expliquer quel rôle ils nous ont attribué, le rôle que doit jouer notre souffrance dans leur scénario. Pour tout cela, nous savons que cet accident, comme tous ceux qui l’ont précédé, était prévu dans leurs plans.
Ce qui n’est pas prévu dans les nôtres, en revanche, c’est la passivité face à des situations qui violent notre droit à la famille, à la santé, à la vie. Comme aujourd’hui, nous continuerons de dénoncer notre situation devant la société ; et nous continuerons de travailler avec elle, avec les acteurs politiques et sociaux et institutions qui cherchent un nouveau scénario, nous continuerons de travailler pour les droits de tous et pour la paix, grande perdante devant l’immobilisme et la persistance des politiques pénitentiaires d’exceptio