ETXERAT. Cette année, et vu la situation d'urgence dans laquelle nous nous trouvons, Etxerat a décidé, entre autres, d'organiser une campagne particulière contre la dispersion. Il s'agit d'inviter le plus grand nombre de personnes possible à former des chaînes humaines à l'aide de foulards. Nous utiliserons pour cela des foulards spéciaux que nous vous présentons aujourd'hui. Ils ressemblent aux foulards habituellement utilisés par les familles, mais sont plus grands, et sont destinés à devenir le symbole de l'engagement de l'ensemble de la société. Ce sont des foulards de solidarité pour tous ceux qui sont concernés par le respect des droits humains.
Et quelle meilleure date pour démarrer cette campagne que le 10 décembre, Journée Internationale des Droits de l'Homme? Cette journée, célébrée de l'Inde à l'Irak, du Sahara à la Palestine, a un écho très particulier parmi nous aussi. Très particulier parce que, jour après jour, nos droits et ceux de nos parents et amis emprisonnés sont piétinés systématiquement, notamment par la dispersion qui met notre vie en danger chaque semaine. 16 d'entre nous sont déjà morts sur les routes des visites. Déjà 10 accidents cette année. Ça suffit.
Nous donnons donc trois rendez-vous pour cette journée du 10 décembre, à midi devant les parlements de Gasteiz et d'Iruña, et à 18h30 devant la maison de René Cassin à Bayonne, pour organiser des chaînes humaines les plus longues possibles. Notre objectif est d'être de plus en plus nombreux à pousser les États français et espagnol qui continuent de maintenir le processus de paix dans une situation de blocage à faire enfin des pas dans le sens du respect des droits fondamentaux de chacun.
Nous avons choisi, cette fois, de nous exprimer depuis Bayonne pour adresser un message particulier à l'État français. Car les mesures cruelles que nous dénonçons ne sont pas l'exclusivité de l'État espagnol, loin de là. La dispersion, l'éloignement, l'isolement y sont aussi appliqués. De même que les mesures spéciales qui assortissent les condamnations et qui pourrissent littéralement la vie des familles même après la libération, comme nous avons pu le voir ces jours-ci avec les cas d'Eider Uruburu et de Julen Mujika. De même que le maintien en prison des prisonniers très gravement malades, avec le report incessant et inacceptable de la décision d'appliquer la loi Kouchner au prisonnier gravement malade Ibon Fernandez et de suspendre sa condamnation...
La liste des violations de droits en 2014 est longue et nous en présenterons le bilan le 8 décembre prochain à Donostia. Mais nous pouvons déjà dire que la situation est extrêmement grave, et qu'aucun pas n'a encore été fait dans le sens du respect de nos droits et de ceux de nos parents et amis emprisonnés.
Un grand travail a pourtant été fait, et nous saluons ici celui réalisé par le Collectif Ni Ere Banoa ainsi que les élus d'Iparralde pour leur décalaration de Bayonne. C'est le bon chemin, et nous devons continuer. C'est pourquoi nous, les familles, appelons à ces mobilisations, où nous devons être le plus grand nombre possible de citoyens, élus, acteurs politiques, sociaux et syndicaux à exiger enfin des pas dans le sens de la résolution du conflit. Et dans le cas de l'État français nous demandons : la fin de la dispersion, la libération immédiate d'Ibon Fernandez, gravement malade à la prison de Lannemezan, la libération de tous les prisonniers répondant aux critères de la conditionnelle et la fin de toutes les mesures d'exception qui nous frappent.
Nous profitons de ces déclarations pour parler des rumeurs de transfert massif des prisonniers de l'État français vers l'État espagnol et pour dire ceci : nous attendons autre chose des autorités françaises qu'une telle mesure, qui serait une manière hypocrite et consternante de se débarrasser du problème. Christiane Taubira a déclaré en Espagne que la volonté des prisonniers serait respectée. Nous comptons sur elle pour tenir sa parole. Et nous demandons au gouvernement français de cesser de chercher à gagner du temps, et de prendre ses responsabilités dans la résolution. Ce sont nos vies et celles de nos proches qui sont en jeu.
Pour toutes ces raisons, nous appelons chacun à venir prendre l'autre bout du foulard à Bayonne, Gasteiz ou Iruña.
En espérant vous y voir, merci.