ETXERAT. Nous sommes dans des temps où le simple fait de montrer sa solidarité est un délit dans l’État espagnol. La tentative de harcèlement envers les familles de prisonnier-e-s politiques basques est doublement infâme, car notre condition de famille n’est pas quelque chose que nous avons choisi. Par conséquent, nous disons à cet État qu’être famille n’est pas un délit, ni un motif de harcèlement. Et nous répétons que nous aimons nos parents et amis emprisonné-e-s et que nous continuerons à leur rendre visite où qu’ils soient.
Quatorze d’entre nous sont convoqués mardi et mercredi prochains au Tribunal Central de Madrid. Pour quelle raison ? Nous rappelons que nous ne le savons toujours pas. Mais ce n’est pas difficile à deviner, surtout avec ce flot d’accusations et d’arrestations. Un État qui se dit « de droit » ne devrait pas agir ainsi. L’appareil judiciaire espagnol, loin d’être le garant des droits des citoyen-ne-s, démontre constamment, et plus encore ces dernières années, qu’il est un objet malléable et manipulable. Ce sont l’irrationalité et l’absence absolue de garantie qui priment.
Nous connaissons bien cette irrationalité mais quelque chose la rend aujourd’hui plus mesquine encore. Nous savons qu’ils veulent réduire en cendres tout ce qui ressemble à une résolution du conflit politique. Dans leur lutte pour réécrire l’histoire et défendre obstinément un absurde récit des vainqueurs et des vaincus, ils voudraient réduire les familles au silence comme s’ils pouvaient nier notre existence et notre douleur, et isoler de tout nos parents et amis emprisonné-e-s. La solidarité, qui est loin de se cantonner au Pays Basque, les dérange tellement qu’ils cherchent à en persécuter toutes les expressions, y compris au niveau international.
Nous rappelons que nous avons été 127 proches de prisonnier-e-s basques à recevoir de façon irrégulière une convocation de la Guardia Civil aux casernes d’Intxaurrondo et de La Salve. Dans quel objectif ? Plus encore que faire obstacle aux visites, c’est l’assistance juridique (qui ne se limite pas aux seuls procès mais aussi à tout ce qui concerne les mesures et règlements pénitentiaires) qui est directement visée, et c’est bien plus grave pour nous que les kilomètres que nous devrons parcourir pour nous rendre à Madrid. L’objectif en réalité est de faire des déclarations des familles une accusation contre les avocats, c’est du moins ce que tout cela laisse à penser. Utiliser les familles contre les prisonniers eux-mêmes et contre les personnes sur qui les familles comptent pour les défendre. Nous parlons donc de quelque chose de très important : le droit à la défense juridique.
Répondre à ces négations est quelque chose qui caractérise la société basque. Dans les jours qui viennent, en réalité, ce sont ceux que nos parents et ami-e-s emprisonné-e-s ont choisi pour les défendre qu’ils vont chercher à juger. Si quelque chose semble pouvoir freiner ce délire absurde, c’est bien les gens qui se lèvent pour le refuser. Pour cela, nous lançons un appel à la société basque à participer au rassemblement national qui aura lieu le mardi 7 juillet, date des premières convocations au Tribunal Central, ici même devant le Tribunal Provincial à midi, et auquel prendront part également différents acteurs politiques et sociaux.
Euskal preso politiko eta iheslari denak etxean izan arte lanean jarraituko dugu!