C'est vendredi. Aujourd'hui, les avocats de nos parents et amis emprisonnés ont informé la société basque d'un nouveau pas vers la fin de la dispersion. Et beaucoup d'entre nous sont sur les routes; c'est à des centaines de kilomètres d'Euskal Herria ou en préparant le voyage que nous avons entendu cette nouvelle.
Nous connaissons trop bien les stations-service, les villages perdus et les cafés de bord de route des États français et espagnol. Cela fait plus de 25 ans que nous voyageons vers les endroits où nos parents et amis ont été emmenés, affrontant la pluie, la neige, le gel. Plus de 25 ans que nos droits fondamentaux sont violés, week-end après week-end. Les nôtres et, bien sûr, ceux de nos proches emprisonnés ou en exil.
Durant ces 25 années, la dispersion a tué 16 personnes. Elle en a blessé des centaines, dans de nouveaux accidents chaque mois. Ces victimes-là n'ont jamais été reconnues. Depuis le début de cette année, nous avons déjà subi 10 accidents.
Nous sommes un petit pays mais des milliers de ses habitants ont connu la prison. Une très grande partie de cette société a vécu ou vit encore la dispersion. Et nous sommes encore des milliers à être soumis à cette violation permanente de droits fondamentaux. Pour cela, nous considérons la décision prise par le Collectif des Prisonniers Politiques Basques comme très importante. Très importante car elle a pour but d'en finir avec une violation de droits.
Nous appelons les acteurs politiques et sociaux à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour en finir avec la dispersion, et ainsi mettre un terme une fois pour toutes à cette grave violation de droits. De la même façon, nous demandons la libération immédiate des prisonniers gravement malades. Simplement parce que c'est leur droit.
C'est vendredi. Et aujourd'hui encore, nous serons sur les routes. Nerveux, fatigués, tendus, et avec des milliers de kilomètres à faire.
Le droit d'appliquer la dispersion n'a jamais existé. Mais aujourd'hui, en plus, aucun prétexte ne peut plus la justifier.