- Dans la confusion de l'agression, il ne se rappelle pas s'il a perdu connaissance ou pas
- Le prisonnier politique basque Ander Mugika Andonegi se trouve au mitard de la prison de Bourg-en-Bresse depuis 5 semaines
HERNANI. Etxerat a appris hier que le prisonnier politique basque de Gasteiz Raul Aduna a été agressé au Palais de Justice de Paris le 8 janvier dernier.
Nous souhaitons souligner l'extrême gravité de ces faits. Le récit de Raul Aduna montre une fois encore que les violations de droits sont quotidiennes et le niveau de violence indique clairement la tension que Raul Aduna a dû vivre.
D'autre part, el preso político de Gros, Ander Mujika Andonegi, "Puxi" originaire de Gros (Donostia) se trouve au mitard de la prison de Bourg-en-Bresse depuis 5 semaines pour protester contre sa situation d'isolement des autres prisonniers politiques basques. Nous rappelons que le mitard est l'un des régimes les plus durs, avec isolement total et des restrictions maximales, une prison dans la prison.
Ander Mujika Andonegi se trouve depuis plus d'un an à la prison de Bourg-en-Bresse où il est le seul prisonnier basque. En plus d'être isolé de ses camarades, il se trouve à plus de 900 km d'Euskal Herria. Bien qu'il ait demandé son transfert depuis longtemps, il n'a reçu aucune réponse. Son frère Julen étant également prisonnier en France (Seysses), ils pourraient être placés à proximité.
Témoignage de Raul Aduna:
Pour aller de la prison de la Santé au Tribunal, il a été placé dans la petite cellule d'un fourgon avec un prisonnier de droit commun. En chemin, il a expliqué à ce dernier que ce n'était pas contre lui mais qu'une fois au Tribunal il refuserait de partager une cellule avec lui. Les surveillants les ont fait sortir du fourgon et, comme il s'y attendait, lui ont ordonné d'entrer dans une cellule avec le prisonnier avec qui il avait fait le voyage. Il a refusé de partager une cellule, et a été placé dans celle d'à côté.
Quand la première cellule a été pleine, ils ont ouvert la porte de la cellule de Raul dans l'intention d'y placer un autre prisonnier de droit commun. Raul a commencé à sortir, mais le surveillant a tenté de l'en empêcher en utilisant le prisonnier qu'il tenait devant lui pour le repousser. Il n'a pas réussi et Raul s'est retrouvé dans le couloir. Il a déclaré qu'il refusait de partager sa cellule, que ces cages n'étaient pas faites pour deux personnes, ajoutant qu'ils n'étaient pas des animaux.
Le surveillant lui a ordonné de rentrer, ce que Raul a refusé. Ce surveillant montrait depuis le début une attitude agressive et violente. Raul a demandé à parler au chef des surveillants mais l'autre lui a répondu qu'il s'en foutait du "Marseillais" (le chef). Il lui répétait sans cesse qu'il rentrerait dans la cellule qu'il le veuille ou non.
Raul ne s'est à aucun moment montré agressif. Il s'est alors assis sur le sol. De la simple résistance passive.
Alors qu'il se trouvait par terre, ils lui ont donné quelques coups à la tête et ont fait le geste de lui donner des coups de genou. Un autre surveillant leur a dit de faire attention, qu'il y avait une caméra. La suite est très confuse et Raul a beaucoup de mal à se rappeler le déroulement des événements.
À un moment, ils l'ont pris par les jambes et l'ont traîné dans le couloir, dans le sens opposé de celui de la cellule. Il ne sait pas s'ils l'ont attrapé par le cou en le relevant ou si cela s'est produit avant. En tout cas, il a été emmené, tenu par le cou et traîné comme un pantin dans un recoin de ce couloir, en arrière, les bras tirés et la tête cachée entre les épaules, alors qu'ils faisaient le geste de lui donner des coups de poing avec l'autre main. Finalement, il s'est retrouvé immobilisé au sol sans trop savoir comment. Dans cette position, il s'est rendu compte qu'ils l'étouffaient avec la main ou un tissu. Il a aussi reçu au moins deux gros coups à l'arrière de la tête. Il ne se rappelle pas s'il a perdu connaissance, il se rappelle seulement avoir vu le visage du Marseillais et avoir vu ses lèvres bouger mais sans pouvoir comprendre ce qu'il lui disait.
Il a été ramené dans la cellule et le chef est venu le voir, lui disant que le surveillant avait des marques de coups donnés par Raul. Celui-ci n'a frappé personne à aucun moment.
Par la suite, il a eu une commission disciplinaire en prison et a été condamné à 20 jours de mitard mais avec sursis.