ETXERAT (24-04-2020). Les journées de confinement se succèdent, de même que les douloureuses conséquences que la pandémie fait retomber sur la société basque. Comme pour l’ensemble des citoyens, notre famille est notre plus grande préoccupation, et particulièrement les personnes qui sont dans les situations les plus vulnérables. C’est pourquoi nous sommes spécialement inquiets quant à la situation des prisons des États espagnol et français où nos proches incarcérés et l’ensemble des prisonniers exigent toute notre attention.
Nous savons que leur condition de prisonnier passe toujours avant leur condition de personne. Pas de personne privée de liberté, mais de personne dont les droits, parmi lesquelles le droit à la santé et le droit à la vie, ne comptent pas beaucoup face à un régime pénitentiaire basé sur les privations et les restrictions.
Alors que 40 jours sont passés depuis que l’état d’alerte a été déclaré dans l’État espagnol, aucune des mesures spécifiques recommandées par les organismes internationaux comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation des Nations-Unies (ONU), le Conseil de l’Europe et le Comité pour la Prévention de la Torture, entre autres, n’a été mise en place. Aucune des propositions avancées par plus de 50 organisations et acteurs sociaux n’a été prise en considération. Les autorités n’ont pas cherché à réduire la surpopulation pénitentiaire en procédant à la libération conditionnelle de prisonniers et en cherchant des mesures alternatives aux peines privatives de liberté. Les prisonniers appartenant aux groupes à haut risque n’ont pas été libérés : ni ceux qui sont gravement malades, ni ceux qui ont plus de 65 ans. Les services médicaux, déjà déficitaires, n’ont pas été renforcés. Aucun matériel de prévention, protection ou désinfection n’a été distribué aux prisonniers. Les seules mesures adoptées par les autorités pénitentiaires sont celles qui aggravent l’isolement et rompent les liens familiaux ; aucune mesure pour réduire l’exposition à la contamination des personnes incarcérées. Quant à l’État français, s’il a pris des mesures, il en a exclu les prisonniers politiques basques, dont certains auraient déjà dû être libérés.
Dans cette situation, l’éloignement, qui est toujours en vigueur comme châtiment imposé à l’entourage des prisonniers basques, augmente l’inquiétude, la peur et l’angoisse. Et aussi l’incertitude face aux restrictions qui pourraient être maintenues durant la désescalade annoncée, car toute limitation rendra encore plus difficiles les longs déplacements quand les visites seront rétablies dans les prisons. Pour cela, nous considérons que le déconfinement doit être accompagné, et cela le plus vite possible, du rapprochement des prisonniers. Dès que possible, et sans perdre plus de temps. Parce qu’une fois passé ce cycle, si difficile pour tous, le chemin de la société basque vers la normalisation devra pouvoir être parcouru sans fardeau et souffrance supplémentaires.